Les voyages de la nuit

(extraits)

Il ne me reste de l’enfance qu’un souvenir d’ennui, une grande vacuité.
Très jeune, je fuguais, mais l’on me retrouvait toujours.

Je me terrais alors dans le creux d’une chambre ou à sa fenêtre, guettant le moindre événement qui pourrait me distraire.
Je convoquais aussi les rêves de la nuit, car leur beauté m’impressionnait.
J’ai essayé de capter quelques images de ces rêves récurrents.
Parfois, des pensées émergeaient dans le sommeil. Des mots comme des bulles éclatent à la surface de la conscience.
Photographier pour tenter de revoir, dans la nuit du labo, ces paysages improbables, cette fantaisie.
Tenter de retrouver, les yeux ouverts, ces scènes de la vie intérieure.

Cette série se situe après un travail ou le texte était extérieur à la photographie.
Avec « Les voyages de la nuit », les mots entrent dans l’image. Ils s’y logent, insaisissables comme le souvenir.

L’image est vacillante. Des formes se superposent, se condensent, jouent en miroir…