Hiver fertile

(extraits)

Juste après un travail argentique sur l'arbre dans le paysage, une écriture plus épurée, plus graphique, s’est imposée à moi. Non plus l'aspect massif, symbolique voire totémique de l'arbre enraciné, mais le côté fragile, évanescent, éphémère de sa ramure. J’ai sillonné le bois de Vincennes pour capturer des éléments végétaux dans des contre-plongées quelquefois audacieuses. Car il suffit de lever la tête pour trouver mille preuves de vie.
Alors qu'on s'attendait au vide et à la mort - l’hiver n’en est-il pas une figure emblématique ? - éblouissement dans la découverte de cette présence discrète qui ne s'offre qu'à ceux qui la cherchent. Ne plus voir la terre. Juste la lumière fade du ciel d'hiver. Feuilles et fruits, en équilibre surprenant, au gré du vent, dansent pour nous, sur la portée des branches, un menuet fait de mouvements minuscules.
C’est une aventure sensorielle, musique d'un frissonnement ; une écriture silencieuse sur les ondulations de la ligne.