Travelling arrière

(extraits)

J’avais pris quelques photos en train, une fois ou l’autre, l’été dernier. À chaque voyage, quelque chose comme de l’ivresse, dès lors que je photographiais les paysages défilants. À cette vitesse c’est le règne de l’aléatoire. Mais, paradoxalement, l’on voit mieux à travers ces photos.
Et j’ai retrouvé le refuge de mon passé. Pour fuir l’oppression de l’angoisse j’avais un rêve : partir droit devant moi, toujours vers le nord.J’étais seule, à cheval, j’étais un homme. Une femme orientale a trop peur de tout.
Je traversais les pays. Champs en friche, montagnes, rivières et villages… Défilaient les pages de mes livres d’enfant que je tournais dans ces voyages et les dessins de mes cahiers de poésie aux crayons de couleurs. 

Il y a des fantômes qui se glissent et s’infiltrent au fond de nous pour faire surface un jour, à travers un voyage comme des vues de mémoire. Ce sont des paysages hallucinés.