(extraits)
Je suis partie d’Alger en 1962, après la guerre d’indépendance, pour continuer mes études à Paris. En juillet, quand les cours étaient finis, je quittais le pensionnat pour rejoindre mes parents, restés là-bas. J’ai passé ainsi les trois étés de mon adolescence dans l’appartement du quartier Nelson. Puis, mes parents sont rentrés en France et ce fut terminé. Pendant de très nombreuses années, dans mes rêves nocturnes, je retournais en Algérie.
Longues courses à travers la ville. Je me perdais toujours car tout avait changé. Raz de marée à la vitesse d’un cheval au galop. À présent, au cours de mes voyages dans les pays du sud, un souvenir souvent zèbre le paysage. Un bateau amarré au port, une statue en buste dans un square. Le mouvement languissant d’un corps, des agaves sur un sol rouge, sanguin. Je crois retrouver, alors, quelque chose du décor qui a entouré mon enfance, avec l’émotion vive d’un voyage dans le temps.
Toutes les photographies ont été prises dans le bassin méditerranéen, ou dans les îles de l’océan Atlantique. Ce sont, en quelque sorte, des photos de mémoire car c’était l’Algérie que je photographiais toujours.